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02-06-05 - Convocation d’ « Etats Généraux pour l'Europe» en PACA(Michel Vauzelle)

01-06-05 - Grosse fatigue...

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29-05-05 - Appel de citoyennes de citoyens du non de gauche

29-05-05 - Notre Non est un nouvel espoir pour l’Europe !

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10-05-05 - Un Oui susceptible ?

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07-05-05 - Intervention de François Delapierre (PRS) à Gardanne

05-05-05 - « La Constitution française, le bon exemple », par Frédéric Dutoit

05-05-05 -Si le "Non" l'emporte... Propositions pour une relance européenne

05-05-05 - Le NON censuré dans les médias, ça suffit !

03-05-05 - Et si le oui l'emportait...

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Les partisans du OUI ne seraient-ils pas tout simplement vexés ? Si l’enjeu pour la vie de millions d’Européens n’était pas si élevé, j’oserais même dire : seraient-ils de mauvais joueurs ?

C’est en effet la question, à mon avis, légitime qui m’est venue à l’esprit en constatant l’avalanche de petites phrases pour assimiler les tenants du Non à des antieuropéens :
C’est d’abord : «Ceux qui votent non ne sont pas pour la poursuite de la construction européenne.» (Dominique Strauss-Kahn).
Puis, «Il y a une idée que les partisans du non voudraient installer : qu'on peut être pour le non tout en étant pro-européen. C'est un bluff, un mensonge grossier.» (Harlem Désir).

Et enfin, de la part du Chef de l’Etat, « Vouloir voter Non à cette Constitution et dire qu’on est pour l’Europe, c’est malhonnête ! ». Oui, je sais, Chirac parler de malhonnêteté, Chirac ! L’ex-maire de Paris, l’ex-président du RPR ! C’est un peu comme si le Diable dénonçait les péchés capitaux, pour utiliser une image facile à comprendre pour ceux qui approuvent l’article I-52 sur le dialogue régulier avec les Eglises…

Mais, revenons au cœur du sujet. En fait, plus le début de la campagne officielle s’approche, plus les discussions tournent autour de cet amalgame « Non = contre l’Europe » : les commentaires dans les médias, très largement acquis au Oui, en sont l’illustration la plus exemplaire d’ailleurs (ne serait-ce que l’expression « de mauvais sondages » quand le Non est en tête). Comme l’annonçait Strauss-Kahn, dans les colonnes du Figaro du 14 mars dernier, « Il faudra simplifier la question : Oui ou non, sommes-nous pour la construction européenne ?» C’est sans doute le seul moyen pour les ouiouistes de convaincre les indécis et d’affoler les nonistes hésitants, puisque leur grand plan de relations publiques a échoué jusque là !

Au début de la campagne, en effet, les partisans du Oui se sont d’abord contentés de multiplier les interventions sentencieuses dans les journaux, en particulier dans Le Monde, le « grand » quotidien réputé pour être Le journal de référence tendant à l’objectivité et à la hauteur de vues, qui a finalement dû avouer à ses lecteurs faire campagne pour le Oui. Le style, souvent condescendant, des articles tendait à montrer que les tenants du Non ne comprenaient rien et qu’il fallait des experts pour l’expliquer à la « France d’en bas ».

J’en choisis un parmi bien d’autres : une tribune donc écrite par un trio de membres du Carrefour pour une Europe économique et sociale (Anne David, Jean-Baptiste de Foucauld et Arlette Heymann-Doat) et dénonçant la mauvaise foi supposée des opposants de gauche au projet de Constitution européenne.

Sous le titre « Le Traité proposé n’est pas gravé dans le marbre », ces trois éminents experts de la DDE accusaient les opposants de gauche de manipulation, mais sans jamais avancer d’autres preuves que leurs propres certitudes.

« Les termes "gravé dans le marbre" tendent à faire penser que ce texte serait plus rigide que le traité de Rome, en raison de son caractère constitutionnel. Il est inutile d'entrer dans la discussion sur la nature du texte pour démontrer la vanité du propos. » Et pourtant, c’est bien la nature du texte qui importe : traité ou constitution ? Les deux à la fois, mon général !

C’est un traité ? Alors, pourquoi le Conseil Constitutionnel a-t-il pris la peine d’expliquer que ce projet aurait valeur constitutionnelle s’imposant à la législation française ?

C’est une constitution donc ? Alors, pourquoi le projet possède-t-il une partie IV qui fixe les conditions de révision du texte à l’unanimité des gouvernements nationaux des 25, des parlements nationaux des 25 et enfin (tout de même) des peuples des 25 Etats membres de l’U.E. ?

Mais, les auteurs s’obstinaient : « Une constitution est moins rigide qu'un traité qui, lui-même, n'est pas intangible. […]Une constitution est révisable selon une procédure plus compliquée. Elle dépend d'une majorité de citoyens ou de parlementaires, non de l'unanimité des Etats. » Oui, en théorie, mais pas cette constitution ! Réaffirmer une contre-vérité ne lui permet pas de devenir une vérité… sauf quand on pratique le marketing !

Selon les théories de propagande médiaticopolitique, remarquablement identifiées par les Américains Noam Chomsky et Edward S. Herman, dans la Fabrique de l’opinion publique, pour donner l’accent de la vérité à une information, il suffit de la répéter jusqu’à ce qu’elle paraisse vraie : quand on aura suffisamment lu ou entendu que « ce TCE est une Constitution donc révisable » ou au contraire que « c’est un Traité comme un autre, donc pourquoi s’en faire ? », on croira réellement avoir fait le bon choix !

Le problème est que cette tactique a largement échoué : les partisans du Non de gauche se sont tellement emparés du terrain, le texte à la main, que la machine à déformer le contenu réel du projet s’est mise à tourner à vide. Il fallait donc empêcher les citoyens d’avoir librement accès au texte, où ils auraient pu trouver confirmation des propos des nonistes.

Je discutais il y a quelques semaines avec une militante d’Attac Aix sur le marché du Jas de Bouffan, elle m’expliquait être allé demander un exemplaire du TCE à l’antenne marseillaise de l’Union Européenne : une demande légitime de citoyenne souhaitant réfléchir avant de voter, quoi ! Mais, elle a dû insister pour l’obtenir, parce que ce qu’on lui distribuait était un fac-similé du Midi Libre intitulé les articles principaux de la Constitution ! Et ce sont de telles pratiques de marketing qu’on ose appeler « la volonté de sortir de l'Europe des Etats, intergouvernementale, régie par des traités, pour faire une Europe des citoyens. » ?

C’est le mépris des citoyens qu’on organise : à quand les t-shirts « Vive la Constitution » distribués dans les enceintes sportives comme en Espagne avant le référendum ? Ou la lecture quotidienne d’articles de la Constitution par des « people » ? On y échappera sans doute : il semble que le projet, envisagé dans les cercles proches du pouvoir présidentiel, ait été enterré (faute de temps ou par lucidité ?). Mais, nous avons quand même droit aux bus de l’Europe !

Dans cette dernière partie de la campagne, la propagande du Oui s’est donc orientée vers un autre des processus classiques de fabrique de l’opinion publique : utiliser des images fortes et simplistes, le symbole doit compter plus que le fond !

Ainsi, le chef de l’Etat (oui encore lui, mais après tout il est le premier défenseur du oui) avait lancé l’image du mouton noir que serait la France dans l’Europe après un vote non ! Même en laissant de côté les relents xénophobes voire racistes de cette image (qu’est-ce qu’il a contre les moutons noirs d’abord ?), on peut s’opposer à cette simplification iconographique par une autre fable animalière : celle du vilain petit canard ! Vous savez celui qui, rejeté par tous les autres canards (libéraux ?), finit par devenir un beau cygne au milieu de ses congénères (de gauche ?) ? A marketing, marketing et demi…

Oui, nous sommes dans l’ère de la « com’ » : slogan, logo, symbole… Mais, les partisans du Oui avancent masqués : ils ne font jamais ô grand jamais de propagande ou de relations publiques, mais toujours de la « pédagogie » bien sûr ! Dommage pour eux qu’elle ait des relents réactionnaires : « Si la France vote Non, elle sera mise au piquet ! » dixit Jean-Claude Gaudin.

Pour conclure, j’ai reçu aujourd’hui dans ma boîte aux lettres mon exemplaire du projet de Constitution : ô surprise, il contient toutes les annexes (protocoles et déclarations) que jusqu’alors, on ne pouvait trouver que sur Internet (en particulier sur notre site, un peu d’autocongratulation de temps en temps ne peut faire de mal) ! J’aurais voulu terminer par cette note positive, mais hélas, le texte est accompagné de la goutte d’eau qui fait déborder le vase d’une campagne non démocratique : un exposé des motifs de sept pages parfaitement partisan ! Qui nous annonce même que, grâce à la Constitution, on aura droit à une Europe plus solidaire…

Il ne nous reste plus que vingt jours avant le référendum : vingt jours pour faire comprendre aux ouiouistes que le peuple français en a marre de la politique-marketing, vingt jours pour sauver la construction européenne de ce projet de constitution !

Stéphane Desmaison

 

 

 


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