
Le Non est le choix de la France,
il faut respecter le vote des citoyens !
Le rejet par les citoyens
français du projet
de traité constitutionnel est une bonne nouvelle
pour l'Europe. C'est un vote populaire antilibéral
et européen qui a mobilisé l'essentiel
des forces vives du pays. C'est un vote de solidarité avec
les peuples européens. Nous rejetons avec indignation
les accusations de xénophobie et de replis sur
soi qui sont une insulte au suffrage universel. C'est
un vote de gauche, d'exigence sociale, démocratique,
environnementale, de paix, de rejet des politiques
libérales en France et en Europe. Le Non de
gauche est majoritaire dans le Non. Le Non est majoritaire à gauche.
Le Non de gauche, pro-européen, fait reculer
la droite extrême. C'est un vote porteur d'espoir
pour une Europe solidaire.
Le Non de gauche a imposé un débat imprévu
et organisé l'intervention populaire sur la
question de l'Europe. C'est un formidable acte de citoyenneté républicaine
; il s'agit maintenant de donner du sens à la
citoyenneté européenne.
La victoire du Non de gauche
est à mettre à l'actif
de toutes les forces qui y ont contribué ; elle
est le fruit de la dynamique unitaire qui s'est amplifiée
tout au long de la campagne et d'une formidable mobilisation
de terrain et de conviction menée par les centaines
de collectifs unitaires qui se sont constitués.
Merci et bravo à toutes celles et tous ceux
qui ont pris leur part de ce bien commun. C'est une
première victoire qui en appelle d'autres.
Aujourd'hui, les dirigeants
français et européens
prétendent que le Non français ne doit
pas arrêter le processus de ratification de la
Constitution européenne. La nomination du gouvernement
Villepin et ses premières déclarations
montrent que le président de la République
refuse d'écouter les exigences de la majorité des électeurs.
Nous dénonçons ce nouveau mépris
du peuple et de la démocratie. S’il est
légitime que les autres peuples s’expriment,
ce Traité est juridiquement et politiquement
mort. Il doit être retiré et une nouvelle
discussion doit s'ouvrir au grand jour et sous l'autorité des
peuples sur les politiques économiques et sociales
et sur les institutions de l'Europe.
Les collectifs unitaires
qui ont été l'artisan
de cette victoire discutent actuellement de leur maintien
et de leur élargissement. Leur action doit se
poursuivre contre les offensives libérales,
qu'elles soient internationales, européennes
ou nationales.
C'est nécessaire en France, par exemple contre
la privatisation d'EDF et de GDF, la fermeture des
bureaux de poste, l'ouverture à la concurrence
du transport ferroviaire, la transposition des directives
de libéralisation des services publics, la remise
en cause des droits des chômeurs dans le plan
Borloo, les licenciements collectifs, les projets de
démantèlement du Code du Travail, etc.
C'est nécessaire en Europe. Le Conseil européen
se réunira les 16 et 17 juin à Bruxelles.
Le choix de notre peuple doit y être respecté.
Des mesures immédiates doivent être décidées
de remise en cause des politiques libérales
qui viennent d'être rejetées : retrait
de la directive Bolkestein et des autres directives
libérales, annulation des mesures de libéralisation
des services publics, mesures de solidarité et
de convergence sociale et fiscale permettant de lutter
contre le dumping social et les délocalisations,
remise à plat de la politique agricole commune
alignée sur l’OMC, révision du
statut et des missions de la Banque Centrale Européenne
et remise en cause du Pacte de stabilité monétaire,
annulation de la dette des pays pauvres.
Pour cela, nous appelons à participer aux délégations
qui se rendront à Bruxelles et à organiser
une journée nationale de mobilisation le 16
juin à l'occasion de la réunion de ce
Conseil européen, avec notamment une initiative à Paris.
Dans le même temps, nous travaillerons à renforcer
le débat dans toute l'Europe, notamment dans
les pays européens où il a été interdit
ou escamoté. Le Non français, fondé sur
la volonté d'une autre Europe n'est pas isolé.
Il n'y a pas un "problème français",
mais un problème de tous les peuples avec le
libéralisme. Le vote aux Pays-Bas le confirme.
Des contacts existent, des déclarations et des
appels européens en soutien au Non français
ont été publiés. Nous affirmons
notre volonté de contribuer à donner
une nouvelle dimension à cette solidarité européenne
en construction.
Nous avançons l'idée d'une première
réunion de travail, le 24 juinà Paris,
de toutes les forces européennes qui partagent
les mêmes objectifs.
Nous invitons les collectifs à tenir de larges
réunions publiques — ouvertes à toutes
celles et tous ceux qui veulent agir pour une Europe
solidaire et combattre les politiques de démantèlement
social — où seront débattues l'appréciation
de la situation ouverte par le vote du 29 mai et des
propositions pour une autre Europe et pour une alternative
au libéralisme.
Nous proposons aux collectifs
qui le souhaitent une rencontre de travail, d'échange d'expériences,
de bilans et de perspectives le 25 juin à Paris.
Paris le 2 juin 2005
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