Le comité en faveur du non cherche des contradicteurs
Les pourfendeurs du Traité constitutionnel changent
de braquet. Dans le pays d'Aix, les électrons libres
du collectif « contre la constitution libérale
et pour une Europe sociale », sont sur tous les fronts.
Ils organisent des réunions pédagogiques,
ils multiplient les conférences, tractent, analysent,
commentent, quitte à en devenir aphone d'ici le
29 mai. Bref, ils suscitent le débat, même
si leurs adversaires déclarés peinent à répondre à leur
dynamisme.
Depuis le mois d'octobre, le collectif
pour le « non » a
fait des émules. Les partis de gauche et les associations
citoyennes à l'origine du mouvement ne cessent d'essaimer. « Dans
toutes les petites communes, on assiste à des débats, à des
démarches citoyennes pour expliquer le traité.
Le non est un élément rassembleur »,
explique Fleur Skrivan, conseillère Régionale
P.S, qui préfère abandonner son appartenance
politique lorsqu'elle milite avec le collectif. La dynamique
pour l'heure est dans le camp du non, à tel point,
que ses militants peinent à trouver des opposants
dans l'organisation de leurs débats contradictoires.
Non
au traité mais oui à l'Europe
Pour les opposants au texte, la première gageure
est d'affirmer leur attachement à l'Europe. « Notre
génération est née avec l'Europe.
Pour nous, il ne s'agit pas de la remettre en cause, mais
plutôt de se demander quelle place nous accordons
aux Etats. C'est pourquoi nous nous opposons à un
texte qui est profondément antidémocratique »,
reprend-elle. Pour ces militants de gauche, la première
remise en cause concerne la partie III du projet constitutionnel « les
politiques et le fonctionnement de l'Union ». « Les
articles de la partie III donnent force de loi à un
modèle social et économique, à savoir
le libéralisme. Aucune constitution ne doit déterminer
la politique d'un pays. Ce sont les élections qui
doivent le faire. Avec ce tex-te, on veut nous imposer
un système social et économique à perpétuité »,
analyse Rémy Jean, représentant de
la LCR.
Un
débat fédérateur
«
Quelle que soit l'issue du référendum, une
chose est sûre, la France est le premier pays dans
lequel on réfléchit et on analyse le texte »,
constate Bernard Lagune président d'Attac pays d'Aix.
Pour le collectif dans son ensemble l'engouement pour le
non possède une double signification : une réflexion
populaire sur l'avenir de l'Europe mais surtout l'occasion
pour la « France d'en bas » d'exprimer un malaise
social et politique et de prendre une revanche sur les
réformes infligées. Ils balaient ainsi l'argument
selon lequel, les électeurs répondraient
aux mauvaises questions lors de ce référendum. « Tout
est interdépendant, à partir du moment où 98
% des décisions politiques prises en France découlent
de ce qui est décidé à Bruxelles »,
remarque Fleur Skrivan. « Si le non l'emporte, nous
allons innover un formidable espoir en Europe, car nous
aurons dit non à un modèle culturel et économique.
Nous serons ainsi les porte-parole d'un mouvement de contestation
qui se dessine dans toute l'Europe », explique
Jean-Louis Brunei, responsable du PCF.
Intérêts
divergents
La déroute du « oui » dans les derniers
sondages conduit à la mise en place d'un rouleau
compresseur médiatique en faveur du traité.
Nous ne reconnaissons plus des émissions que nous
aimions bien, sur France Inter ou France Culture »,
déplore Olivier Hydreau, militant altermondialiste. « Le
succès que rencontre le collectif nous prouve que
désormais, les électeurs ne veulent plus
qu'on leur impose une politique. Les citoyens voient l'influence
du traité sur leur avenir, à la différence
des leaders politiques qui n'y voit que leur intérêt
politique personnel », observe M. Agopian, élu
de gauche.
Angélique Giorgi
La Marseillaise
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